À propos : Beuh, je n'ai écris que le premier chapitre, mais je le trouve plein de suspens xD
N'hésitez pas à me laisser des commentaires, il faut que je me motive pour la suite ^^'
Ses yeux tombèrent sur un oiseau mort. Il devait être là depuis plusieurs jours car les fourmis lui mangeaient les yeux et ses entrailles pourissant à l'air libre grouillaient de larves blanchâtres.
Layelis donna un coup de pied dans le cadavre, le regardant rouler quelques mètres plus loins. Ce terrain vague était sa cachette, son secret, son sanctuaire, seule parcelle de sa vie restée inviolée.
L'idée de retourner au Prieuré la fit soupirer. Miss Glendel allait sûrement la questionner, comme à son habitude, sur ses occupations de la journée.
Cette vieille femme l'avait reccueillie au Prieuré des Vestales alors qu'elle n'avait que trois ans et qu'elle s'était subitement trouvée orpheline. Elle ne ressentait pas de manque, la mort de ses parents ne la tourmentait pas, trop jeune qu'elle était alors pour s'en souvenir.
Miss Glendel avait prit Layelis sous son aile, et avait tenté de lui inculquer comme aux autres vestales le Culte de la Déesse Mère, Kaliyen. Tentative sans succès, puisque la jeune fille s'était toujours montrée réticente à toute forme de croyance ou de superstition, qu'elle qualifiait d'absurdes.
"Vous essayez juste de vous cacher l'inutilité de votre vie." se plaisait-elle à répéter.
Mais la vieille Miss Glendel ne lui en avait pas tenu rigueur, et tant que Layelis ne rentrait pas trop tard de ses vagabondages et ne parlait pas de voyage, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
"- Je voudrais voyager, Miss Glendel.
- Pardon ?"
C'était il y a quelques années, dans le bureau de la vieille femme.
"- Je voudrais voyager."
Silence.
"- Découvrir le monde..." ajouta Layelis, embarrasée par le regard noir que lui lançait la femme.
Cette dernière lui avait alors froidement désigné la porte, et il n'en avait plus jamais été question.
La vie s'écoulait, désespérement monotone, dans le village de Khadra où, en faut d'une petite colline, était perché le prieuré. Layelis, qui n'avait finalement jamais été nommée vestale, pouvait sortir à sa guise.
Elle était assise sur un vieux caisson de fer, au milieu du terrai vague, et fixait, les yeux mi-clos, une vieille boîte de conserve. Ses paupières étaient lourdes, les images devenaient floues, et la jeune fille regardait la boîte de tôle s'effacer doucement. C'était tellement réel...
Elle cligna soudain des yeux, ayant un doute. Elle se les frotta, se donna une giffle, se mordit la langue, rien n'y fit : la boîte de conserve était bel et bien devenue transparente !
Layelis se leva brusquement, se croyant atteinte d'une cécité étrange. Elle fit le tour de l'objet qui provoquait son trouble, se pencha, et se risqua à le toucher. Elle avança lentement la main puis, fermant les yeux comme devant une vision cauchemardesque, la plongea littéralement... Dans le vide.
C'était à peine si l'air paraissait plus opaque à l'endroit où trônait l'objet. Layelis fronça les sourcils, essaya de saisir la boîte pour l'emmener avec elle, en vain. Elle rentra au Prieuré, et n'en parla à personne, persuadée qu'elle passerait pour folle.
Elle aurait pu forcer sa mémoire à oublier cet incident, si peu à peu il ne se reproduisait pas de plus en plus fréquement. Elle ne comptait désormais plus les fois où elle s'était retrouvée fesses contre terre car sa chaise avait disparu, ou encore les fois où, écrivant, elle n'avait pu finir sa phrase faute de plume.
Mais ce qui la troublait le plus, c'est qu'elle était apparement la seule à s'en rendre compte.
Un après-midi d'hiver, où il faisait si froid que Layelis n'était pas sortie, la cuisinière du Prieuré était venue lui rendre visite dans sa chambre. Maria était particulièrement attentionée avec Layelis, et ne manquait jamais de lui apporter quelques biscuits lorsqu'elle venait la voir. C'était sûrement parce qu'elles avaient le même âge qu'elle éprouvait de la sympathie à son égart.
Elles étaient en grande discussion sur la Polémique du Sang qui secouait toute la contrée. Layelis n'était pas au courant, et Maria se faisait une joie de lui donner tous les détails de l'affaire.
"- Les Inquisiteurs d'Etat parcourent tout le pays ! Dès qu'ils croisent quelqu'un, ils lui font une prise de sang !
- Mais... Pourquoi cela ? s'étonnait Layelis.
- J'sais pas. Si t'as le sang bleu, ils te laissent tranquille, et s'excusent même pour le dégrément, répondit Maria d'un air cultivé.
- Désagrément." la reprit Layelis.
Maria n'avait reçu pour héritage de ses parents décédés, comme ceux de Layelis, que les rudiments de la conversation et un don indéniable pour mijoter des plats délicieux.
"- Oui, s'cuse. Si t'as la sang rouge, ils te posent des tas de questions, et des fois ils t'embarquent, des fois ils t'embarquent pas. Et..."
Maria ménageait visiblement un suspens supposé être palpitant, mais cette pause n'eut pour effet sur Layelis que de lui faire hausser un sourcil. Maria toussota.
"- Si t'as la sang argenté... Ils te tuent ! " laissa-t-elle tomber avec une mimique d'héroïne tragique.
Layelis se tenait intérieurement un discours sur la discrimmination, dont elle ne fit pas part à la cuisinière, car il contenait trop de mots compliqués et, plongée dans ses pensées, n'entendit bientôt plus que la voix de son amie. Elle mit quelques secondes avant de le remarquer, puis releva la tête soudainement.
Maria était toujours là... Mais on distinguait le mur derrière elle à travers son corps ! Elle parlait toujours d'ailleurs, semblant ne s'être rendu compte de rien, et ses paroles lointaines résonnaient comme un écho assourdi.
Layelis regarda, terrifiée, la jeune fille s'effacer jusqu'à disparaître tout à fait. Elle resta comme inerte un instant, puis courut dans le bureau de Miss Glendel. Il était vide.
Layelis se souvint qu'elle donnait un cours aux vestales., au dernier étages de la tour. Elle monta comme une folle les escaliers abrupts, trébuchant et haletant, et ouvrit la porte de la classe à la volée.
"Ma... Maria a disparut !" bégaya-t-elle devant toute la classe.
Miss Glendel était debout devant toute la classe.
"- Oui, Layelis, Maria a pris congé de nous ce matin. Tu n'as pas à te mettre dans des état pareils...
- Non... Elle a vraiment disparu !"
Miss Glendel l'ignora et demanda aux élèves avec un sourire :
"- N'est-ce pas, les filles, que Maria est partie ce matin ?
- Oui !" répondirent-elles toutes à l'unisson.
- Imp... Impossible ! cria Layelis, folle de rage.
Miss Glendel lui jeta un regard glacial.
"- Tu déranges le cours, Layelis, sors."
À suivre...