Appelez-moi Amour

Petits soucis avec le forum, il veut pas que je fasse des posts trop longs... Alors désolé mais les chapitres sont découpés ^^' Mathilde dit si ça te gêne >o<

Titre : Appelez-moi Amour (pourrait changer)
Genre : Ben ^^' tout est dans le titre. Amour/Amitié plutôt.
Nombre de chapitres en ligne : 5
Personnages principaux : Narration à la première personne (Alice) et deuxième héroine Marilou.
Résumé : Les vacances de la Toussaint touchent à leur fin et Alice doit retourner dans son collège, à une heure de transport en commun. Sa vie n'a pas toujours été rose : elle ne connait pas ses parents et elle est élevée par une tante qui lui donne un amour étouffant. Mais horreur de chez horreur, elle me plait à aucun garçon. C'est vrai que son titre de chouchoute et de première de la classe ne l'aide pas, mais se n'est rien comparé à son apparance physique. Dans ce domaine, Alice n'a que des tares : des cheveux roux coupés courts d'une façon masculine, des lunettes discrètes mais renforçant son air "intello" et une maigreure affolante. Seulement voilà, comme un ange tombé du ciel, Marilou va transformer sa vie....


Ca donne envie d'être lu ? ^^'

Je me retournai et fixais avec insistance le plafond. Je regardai vite fait mon réveil : 5h41. Plus que quatre minutes avant qu’il crie pour me forcer à me lever et à aller au collège.
- La vie est nulle, décidais-je.
Je n’avais pas vraiment de raison de l’affirmer. Ou plutôt si, j’avais toutes les raisons de me plaindre. Mes parents, je ne les connaissais pas ; soit ils étaient morts, soit ils m’avaient abandonnée lâchement. Dans les deux cas, je leur en voulait de ne pas avoir été là pour moi.
La seule qui a toujours été là pour moi, c’est ma tante. Elle m’aime, ça, j’en suis sûre. Elle me couvre d’amour, plus que je n’en demande, et cet amour m’étouffe. Avec elle, j’ai toujours raison, ou presque. Elle est fière d'être la tutrice d'un adolescente pas sociable du tout. En fait, je crois qu'elle s'en moque, elle est capable de faire la conversation seule, parfois, elle lit même dans mes pensées. Je l’aime aussi, mais il m’arrive de vouloir qu’elle m’oublie.
Ma tante n’a jamais été mariée. Cela explique sans doute pourquoi elle me tue de son amour : elle a un sérieux manque d’affection. Avant, j’adorait ça. Quand j’étais petite, elle m’offrait tout pleins de babioles inutiles et me bourrait de confiseries mauvaises pour la santé. Le rêve d’une gamine. Mais maintenant, j’ai changé ; j’ai quatorze ans et je comprends enfin ce qu'est la puberté. C'est quand on découvre les garçons et que le ciel nous tombe sur la tête. C’est quand les garçons ont une voix qui leur fait honte et quand les filles mouillent leurs sièges d’un liquide rouge. Et c’est surtout lorsque, tous, on veut d’être à deux, former des couples. Tant pis si ça dure deux heures, on aura au moins essayé. Dans ma classe, on essaye toutes les combinaisons possibles ; autant dire que chaque garçon est sorti avec toutes les filles de la classe et chaque fille avec tous les garçons. Allez savoir pourquoi, on me laisse de côté. Je peux être sympa, pourtant, quand je veux... Si j’avais un copain, je serai sa soeur siamoise tellement je serai collée à lui. Selon Kate, c’est ma timidité qui effraient les garçons. Je pense que c’est n’importe quoi.
- Bah alors maquille toi, parfume toi, rends-toi jolie, mets toi en valeur ! me conseille-t-elle.
Facile à dire, lorsque qu’on a un nom américain et le corps qui va avec. J’envie sa poitrine généreuse, ses cheveux soyeux et son corps tout en longueur. Je suis pas laide ; enfin, je pense pas. J’ai juste des cheveux roux clairs, courts avec une coupe carré, pas de seins et des lunettes. Mes binocles sont un vrai poids : je les ai choisis discrète mais elle me rende “intello” selon Kate. Et mes cheveux, toujours d’après Kate, il faudrait que je les teignent, en blond ou en brun, car le roux c’est plus du tout dans le coup. Mais moi, je l’aime comme ça, ma tignasse. J'ai presque la même coupe que Natalie Portman dans Closer et ça me plaît beaucoup. De plus, je n’aime pas les brunes et blondes : elles ne sont absolument pas originales. Et pour ce qui est du maquillage et du parfum, j’ai toujours détesté ça. Ca me va pas.
- Bon, il faudrait aussi que tu fasses moins tes devoirs, que tu ne participes plus, que tu foutes la merde dans la classe et que tu aies des reproches des profs, décida Kate, en comptant sur ses doigts.
- A quoi ça sert ? demandais-je, scandalisée.
- Les gars aiment ça, répondit-elle, du tac au tac.
Mon monde s’effondre, tout ce que j’ai, c’est mon intelligence. C’est l’un des seuls trucs dont je suis fière. Pourquoi les garçons veulent des imbéciles comme copine ? Pour paraître moins bêtes ? Doit-on forcément être blonde avec un QI de souris pour être aimé ? Je n’espère pas car, sinon, je resterai seule toute ma vie. Jamais je ne me ferai passer pour une crétine pour satisfaire les besoins d’un macho. Je m’en suis fait la promesse.

[suite chapitre 1]

Je regardai à nouveau mon réveil : 5h44. Le temps passe lentement en enfer. Je m’enfonçai un peu plus sous ma couette, et sans savoir pourquoi, je pleurais. C’est à ce moment là que mon réveil décida de ce faire entendre, au moment où j’avais le plus besoin de calme et de solitude. Je l’envoyai valser d’un geste brusque et il se tasait immédiatement : moi, il faut pas me contrarier. Je me suis levé et j’ai rejoins la cuisine où ma tante m’attendais, un sourire aux lèvres.
- Bien dormi, ma chérie ? me demanda-t-elle en m’embrassant sur la joue.
- Bof, j’ai répondu.
Ma tante ne sait pas quand il faut me laisser tranquille, et c’est bien dommage.
- Pourquoi ça ?
- Parce que la vie est moche, parce que mon lit n’est pas confortable, parce que c’est la rentrée et parce que j’en ai marre ! m’écriais-je, en me levant de ma chaise et en sortant de la cuisine en claquant la porte.
J’imaginais que ma tante était déboussolée. Il y avait de quoi : des scènes comme ça, je n’en avais encore jamais fait. Mais trop, c’est trop. Des larmes coulèrent sur mes joues, encore. J’était dans le couloir, appuyé contre la porte de la cuisine. Je ne pouvais bouger.
- Maman, j’en ai marre d’avoir marre, murmurais-je, sans réfléchir.
Cette phrase était sortie toute seule, aussi débile qu’elle était. Ma mère, je ne l’avais jamais connu. Je n’ai de souvenir que de ma tante. Je me sentais rejetée : elle n’avait pas pu mourir DES ma naissance. J’en avais conclut qu’elle n’avait pas voulu de moi et m’avait laissé.

En tant que première de la classe, je m’étais enfin relevé, j’étais allée m’habiller et faire mon lit. Je n’avais jamais manqué l’école cette année, et ce n’était pas aujourd’hui que ça allait commencer.
A sept heures, j’étais prête à partir. Un peu honteuse, je retournai dans la cuisine faire mes excuses à ma tante qui m’avait rien fait.
- C’est pas grave poussin, me dit-elle, en souriant. Tu n’as rien mangé, tu veux des biscuits ?
- Non, merci, c’est gentil.
- Tu ne veux pas te reposer ? Tu es toute pâle, s'inquiéta-t-elle.
- J’ai eu toutes les vacances de la Toussaint pour me reposer, je suis en plein forme, la rassurais-je.
- Bon. Alors passe une bonne journée mon ange.
Je sortais de l’appartement. L’ange va passer une journée en enfer, une de plus. Mais j’y suis habituée.

Une fois dans la rue, je dis au revoir de la main à ma tante, qui me saluait de la fenêtre. J’avançais lentement vers l’arrêt de bus : j’habitais loin de mon collège, à une heure et quart en bus. J’en profitais alors pour écouter mon baladeur mp3, pour finir mon livre ou ma nuit. Dans ces conditions, le temps passe vite. Le bus arriva et je m’installai sur un siège vide. Le bus était tout le temps vide à cette heure ; seuls certains travailleurs l’empruntaient pour quelques stations. Mais ce jour-là, il y avait cette fille. Une brune qui me fascinait : elle avait des yeux noirs magnifique entourés d’un trait noir, le teint pâle et des lèvres d’un rose naturel. C’était une gothique ; elle était habillé d’une jupe en jupon noir accompagnée un corset noir avec des ficelles brun heure et quart à l’observer, à envier son originalité, son bien-être, sa beauté naturelle, ses ongles peints en noir, son regard pétillant et pénétrant... J’enviais même son livre qu’elle lisait à toute vitesse. Malgré son léger sourire, elle semblait un peu perdue, comme si elle ne savait pas se qu'elle faisait ici. Elle jetait parfois des coups d'oeil par la fenêtre en respirant profondément ou comptait les stations qui lui restait à prendre. Elle avait sûrement un an de plus que moi et c’était devenue en une heure seulement l’amie que j’avais toujours souhaiter avoir. Je pensais qu’elle allait vite descendre, mais non, elle ne descendit qu’à mon arrêt. Il vit dans la rue que je la regardais et j'aurai bien voulu arrêter à se moment là mais c'était parfaitement impossible, quelque chose m'en empêchait. Elle non plus ne me quittait plus des yeux. Au bout d'un certain temps, elle s'avança dans ma direction d'une marche assurée et se présenta :

[re suite, le forum veut pas que je fasse des posts trop longs ToT]

- Salut ! Moi c’est Marilou.
- Euh, bonjour... Moi c’est... Alice, bredouillais-je comme-ci je ne savais plus mon nom.
- J’aime ton prénom, me dit-elle. Ca fait penser à Alice aux pays des merveilles... Mon dessin animé favori.... Quelle chance de s'appeller comme ça !
Elle semblait tellement sincère que j'en rougis, comme si c'était un grand privilège. Pourtant, Kate m'avait dit que Alice aux pays des merveilles était le dessin animé des goths (sur le coup je pensais qu'elle généralisait beaucoup trop), je n'aurai donc pas du ainsi m'extasier...
- Ah bon, tu... tu trouves ? repondis-je en tripotant mes cheveux tout courts. Moi j'aime pas vraiment. Mais le tien est extra.
J’avais décidé que tout ce qui touchait cette fille était merveilleux.
Comme nous étions au milieu de la rue, je lui demandais :
- Hum, je ne t’avais jamais vu auparavant... Dans quel établissement vas-tu ?
- Oh, c’est normal, répondit-elle en souriant, je viens d’emménager. Je vais au collège au bout de la rue.
- Ah bon ? C’est mon collège ! m’extasiais-je (un peu trop ?). Tu vas dans quelle classe ?
- J’en sais rien. En quatrième, en tout cas.
- En quatrième ? Tu parais plus âgée pourtant !
- J’ai redoublée, m’informa-t-elle l’air embêtée. Et mes parents ont décidé que j’apprendrais mieux dans une ville paumée plutôt qu’à Paris.
J'appris plus tard que Marilou me mentait à son sujet. A ce moment là, j’étais tout simplement scotchée par toutes ces informations : plus Marilou parlait, plus elle me paraissait merveilleuse. Elle aurait pu me dire que c'était une serial killer qui venait de s'évader et qui avait décidé de décapiter mon professeur préféré, j'aurais été aussi émerveillée.
- Je vais te laisser, me dit-elle, lorsque que nous avions atteint le portail du collège. Je dois voir le CPE pour qu’il me dise ma classe.
Elle me salua et me laissa rêveuse. Marilou. L’ange noir Marilou. Ca sonne bien. Alice et Marilou, ça sonne super bien aussi. Marilou et Alice, c’est tout aussi cool. La vie semblait d’un coup merveilleuse. Mon idole (déjà !) m’avait parlé et en plus elle était super sympa.


***

La cloche sonna faiblement : elle doit dater d’au moins trois siècles et le bâtiment aussi. Mais ici, on est à la campagne et tout est un peu vieillot. Il n’y a pas beaucoup d’écoles alors on va pas faire le compliqué seulement parce que la façade aurait besoin d’un coup de peinture.
Un vague rang se forma en face de l’inscription “4ème A”. Chacun racontait ses vacances au bout du monde mais moi je me taisais : il n’y avait rien à raconter, je n’avais pas bougé de chez moi. Si on le voulait, ma tante et moi, on pourrait partir, on a les moyens. Mais en fait, ça ne nous tente pas, on préfère notre appartement.

[encore et toujours la suite ><]

- Regardez-moi ce troupeau... Même les moutons sont plus ordonnés que vous...

Ca y est, il m’énervait déjà. Sans doute pensait-il que les vacances avaient été trop courtes et qu’il n’avait pas envie de nous voir pendant une heure... Mais pour nous, c’était pareil. Le prof nous déteste et on le lui rend bien. Généralement, les cours se passent bien mais l’ambiance est toujours tendue. Mr Paul nous fit signe de le suivre et nous rentrâmes dans la vielle école.

Une fois assis sur nos sièges, Mr Paul, en parfait sadique, nous annonça d’une voix sifflante qu’il y avait un contrôle. La plupart des élèves lancèrent des regards noirs au prof accompagnés de mots grossiers. A coup sûr, ils n’avaient pas appris leurs leçons. Il faut toujours apprendre ses leçons et pas attendre les contrôles pour le faire, c’est ce que m’a appris ma tante. Je sorti une copie double et le professeur nous donna le sujet : "Résumez le cours en 20 lignes minimum.”. C’était simple. Normalement, les profs font l’effort de chercher des questions plus ou moins compliquées, mais pas Mr Paul. Je pensais qu’il devait être un sacré feignant.

Alors que je commençai à écrire un résumé, quelqu’un frappa à la porte. Tout le monde leva la tête d’un mouvement uniforme.
- Entrez, invita nerveusement Mr Paul, sans doute énervé d'avoir été coupé dans sa pré-sieste.
Le principal passa la tête par l'entrebâillement de la porte :
- Bonjour, bonjour !
- Bonjour Mr Hugo ! récitèrent les élèves d’une voix monotone.
Cette fois-ci, le principal ouvrit entièrement la porte et rentra dans la classe, suivi de Marilou. Non, c’était trop beau... Elle ne pouvait pas être dans ma classe ! Mais comme dit un proverbe, rien n'est trop beau pour être vrai.
- Alors les enfants, je suis venu vous amener une petite copine !
Alors que tout le monde se moquait de Mr Hugo et de ses termes “bébés”,
moi je n’en revenait pas. Marilou me regardât en souriant et me fit un
clin d’oeil avant de reporter son attention sur le principal.
- Donc voilà, je vous présente Marie-Louise...
- Marilou, le coupais-je.
- Oui, c’est ça, Marilou, merci Alice, rectifia-t-il en inclinant légèrement sa tête vers moi. Elle vient d’arriver et je compte sur vous pour qu’elle soit bien accueillie.
Il nous regarda un court instant comme s’il attendait une réponse ; c’était peine perdue car ma classe s’en foutait totalement, sauf certains garçons qui devaient trouver Marilou "bien roulée".
- Bon, Marie-Laure, tu vas t'asseoir à côté d’Alice, tu verras, elle est très gentille...
- Ben oui, c’est pour ça que personne ne veut se mettre à côté d’elle, ricana Martin.
Le proviseur lui envoya vaguement un regard qui se voulait menaçant. Marilou alla s’asseoir à côté de moi, au deuxième rang.
- Comme on se retrouve, me dit-elle.
C’était comme-ci on était déjà amies.
- Oui, dis-je, les yeux écarquillés.
Comme le principal était parti avec un “Au revoir mes très chers petits amis !”, Batiste hurla en se levant :
- Scoop ! Alice Gilbert serait lesbienne ! En effet, nous l’aurions vu en présence d’une certaine Marilou avec qui elle vivrait une histoire d’amour passionnelle !

[suite, toujours xD]

- Mr Saumos ! Qu’est-ce que c’est que ce comportement ? Asseyez-vous ! C’est un ordre ! s’énerva Mr Paul en se levant à son tour.
Décidément, sa pré-sieste était réellement finie.
- D’accord mon commandant ! dit-il en s’asseyant.
Il se passa ensuite une main dans les cheveux en regardant Marilou dans l’espoir qu’elle l’ait vu. Vous comprenez, il était célibataire depuis ce matin et ça n’allait pas du tout. Il espérait en fait de tout son coeur que nous soyons hétéros. Marilou, elle, ne le regardait pas et elle avait bien raison : aucun intérêt à regarder des crétins pareils.
Mr Paul donna le sujet du contrôle à Marilou et lui dit :
- Si tu n’as pas encore appris ce chapitre je ne peux rien faire pour toi.
Marilou sembla étonnée et demanda de quel chapitre il s’agissait. Mr Paul, ne voulant donner à aucun élève un indice, repris la feuille d'un air énervé.
-Tu n'as qu'à rien faire ! ragea-t-il entre ses dents. On dira que tu n'étais pas là.
Il retourna s'asseoir et Marilou remarqua très doucement, juste assez fort pour que moi je l'entende :
- T'es sûre qu'il connaît le sujet du cours, au moins ?
Je ne pus retenir un sourire.

Très vite, mon devoir fût fini ; je le rendis à Mr Paul et j’attendis comme Marilou.
- C’est bête, me souffla-t-elle.
- Quoi ? Qu’est-ce qui est bête ?
- D’attendre pour rien.
- C’est vrai, répondis-je après un silence.
Elle me souria. Elle sortit une feuille. Je lui souriai.

***


Le cours se finit enfin. En fait, Monsieur Paul n’avait prévu aucun cours, seulement un contrôle simpliste. Marilou et moi, nous avons passé une heure à jouer au pendu. Ma nouvelle amie avait énormément de vocabulaire ; je me demandais vraiment pourquoi elle avait redoublé, elle semblait très intelligente.

C’est pendant le cours de maths que j’ai compris pourquoi elle avait refait sa quatrième et pourquoi je n’avais pas d’amis.

[fin chapitre 1]

Génial *_*
Postes vite le chapitre deux tu nous laisses sur notre faim T^T
En tout cas, j'aime beaucoup ton écriture, on reconnait ton style ^^ .

- Pff, j’comprends rien, me rappela Marilou, pour la centième fois depuis le début du cours.
Mme Floram nous avait donné un exercice d’une simplicité surprenante mais Marilou ne comprenait pas. Et moi non plus : il faut vraiment le vouloir pour pas comprendre cet exercice. Allez savoir pourquoi, Marilou devait trouver intelligent de me montrer qu’elle comprenait pas en “peuffant” d’un air accablé. Ce comportement m’énervait à un point inimaginable. J’avais envie de lui hurlé de se taire. C’était insupportable, je me faisait horreur. Je me forçais à ne rien dire : avais-je déjà oublier que je voulais être l’amie de cette fille en détresse ? Je ne voulais pas lui montrer clairement quelle peste someillait en moi, quelle fille détestable j'étais, surdouée et égoïste.
- Comprendre l’algèbre n’est pas indispensable dans la vie... murmurais-je, pour moi-même.
- Quoi ? demanda Marilou, d'une voix légèrement iritée. Qu’est-ce que t’as dit ?
- Rien... répondis-je gênée, je... je pense à voix haute...
Marilou me regarda d’un air supérieur. Mais qu’elle arrête ça ! Elle se moquait de moi alors que moi, je me retenais. Comme il était dur d'enfouir nos émotions bien profondément. Tellement dur que ça en donnait mal à la tête. Je me pris le front entre les mains.
- Tu n'y arrives pas non plus ? demanda Marilou, croyant détecter un signe de faiblesse dans mon geste banal.
Je ne répondis rien, ravalant mon ironie. Elle ne pouvait pas savoir que j'étais la première de la classe et que jamais, au grand jamais, je montrerais si clairement que je n'arrive pas un exercice de Maths, ni même un autre exercice.
- Si t’as fini, continua-t-elle après un silence, tu pourrais peut-être m’aider...
Voyant mes yeux noirs, elle comprit enfin que je n'avais pas un caractère facile. J'avais un peu honte mais on est comme on est. Je n'y pouvais rien, même avec la meilleure volonté du monde, je restais Alice, la fille que personne ne peut supporter. C'est ainsi.
- Désolé, s’excusa-t-elle en tortillant l’une de ses mèches autour de son doigt, mais je supporte pas de ne pas comprendre quelque chose... Ca peut paraître stupide mais ce... ce ne l'est pas. Quand je comprends pas un truc, ça m'énerve, m'exaspère, me désespère, je me sens nulle, débile...
A mon tour de me sentir nulle. Son comportement est parfaitement compréhensible. J’ai honte d’être aussi peu sociale. Moi-même je ne pouvais supporter de ne pas comprendre quelque chose de scolaire. Je ne peux pas admettre d'être dépassée par un problème mathématique, scientifique ou autre. Cela m'est totalement impossible.
- T’excuse pas, c’est ma faute, je suis pas... pas sympa... ais-je enfin répondu, la voix légèrement tremblante.
- Mais si ! cria presque Marilou.
La prof chaussa ses lunettes et nous regarda sévèrement. Mme Floram était une algérienne assez âgée. Elle avait toujours un air en colère. Ses cheveux étaient réunis dans un chignon parfait. Aucune mèche n'en dépassait. Les rares fois où cela était arrivé, Kate l'a carrément prise en photo avec son appareil photo tellement elle n'en revenait pas. Tous les profs ont leurs moments de faiblesse. C'est terrible mais vrai. On attend d'un prof d'être un super-héro. A un moment, il faut bien qu'il craque. Ce qu'il fallait surtout dire sur Mme Floram, c'est qu'elle ne su-por-tait pas les bavardages. Or, nous avions été prise en frangrant déli de papotage. Et vu que Marilou était nouvelle, elle ne pouvait rien lui dire. Elle décida donc que je serais sa cible. Il lui faut toujours une cible, même si ce n’est pas la bonne. Une sorte de lâcheté, ou tout simplement pour montrer son autorité, elle utilisait cette technique fréquement. Mme Floram inspira profondément, comme pour se donner plus de voix, afin de mieux me sermoner.

[suite]

- Alice ! Je ne vous permets pas de hurler quand bon vous semble dans mon cours ! Vous êtes ici pour étudier, et non pour bavarder. Que cela ne se reproduise plus !
Fanny leva le doigt d’un air choqué, la mine indigné, la bouche à moitié ouverte, un peu de travers. Mme Floram fit d’abord semblant de ne pas la voir, elle devait savoir ce qu'elle voulait lui dire, cela se sentait à trois kilomètres. Fanny, n’en pouvant plus d’attendre prit la parole sans permission.
- Madame, c’est dégueulasse, moi, yesterday, j’ai pas ouvert ma gueule et j’ai eu une heure de colle ! Pourquoi qu’Alice elle a que dalle ?
Mme Floram passa sa main sur son front d’un air exaspéré. Elle avait beau être prof de maths, elle supportait les fautes d’orthographes et de grammaires autant que les erreurs de calcul. Elle se leva, se dirigeant lentement vers la table de Fanny.
- Fanny, répète-moi ça en français et je te répondrais.
Fanny ne répondit pas. Peut-être fallait-il lui dire en verlan ou en chinois pour qu'elle comprenne. Mme Floram retourna s’asseoir et Fanny en profita pour l’insulter dans son dos avec sa voisine, Kate.
- C’est trop dégueu, y’a du favoritisme dans la classroom ! ragea Fanny.
- Alice c’est trop une...
J’avais arrêté d’écouté. Je sais que Kate s’en moque de moi. Elle me donne que des conseils stupides pour se rendre intéressante. Avant, j'avais la naïveté de prendre cela pour de l'amitié mais Kate a un coeur en pierre, elle ne fait qu'utiliser les filles et les garçons, sans réellement les aimer. En fait, elle est assez maligne, mais elle est encore moins sociable que moi. Elle ne s'intéresse qu'aux garçons, en prétendant que c'est de l'amour. Je dis ça parce que chaque semaine, elle annonce à ses "copines" que ça y est, elle a rencontré le grand amour... Un jour c’est Tim, un autre c’est Martin et enfin Batiste. Si l'amour dure si peu de temps, je veux bien me teindre les cheveux en rouge et vert.
- Alice ? Tu rêves ? me réveilla gentiment Marilou avec un petit sourire amusé.
- Hein ? dis-je.
- C’est rien, retourne dormir miss, pouffa ma nouvelle copine avec une main sur la bouche.
- Ah ouais ! criais-je. Je devais t’expliquer l’exercice de maths !
J’avais crié et c’était une fois de trop. Mme Floram leva brusquement la tête et me regarda, se demandant quelle sanction elle devait me donner. J'étais tout de même son élève préférée et cela lui brisait le coeur de me donner une punition. Elle jeta un coup d’oeil vers Fanny qui l’encourageait à me coller avec un sourire sadique. Je croisais les dois : j’espèrais vraiment que mes bonnes notes me sauverait mais non, à contrecoeur, Mme Floram me demanda mon carnet.
- Désolé, me souffla Marilou.
Comme je le prévoyait, tout le monde a ri quand je me suis levée pour apporter mon carnet à la prof de maths.
- Vous vous croyez drôles ? m’a défendu Marilou.
Ils se sont tous tut. Je la remerciais en mon coeur. Une amie comme ça, ça vaut de l’or. Et ça, même les imbéciles de ma classe le savent.

[suite]

**

Finalement, grâce à mes explications, Marilou a compris l'exercice de maths.
- Je n'avais jamais compris les maths avant ! Je te remercie ! s'extasia-t-elle alors que nous nous dirigions vers la permanence. Tu es une super prof !
- N'exagère rien, la calmais-je, je t'ai juste expliqué les nombres relatifs, il n'y a rien de plus simple.
- Il n'empêche que ça doit faire deux ans que j'essaye de comprendre sans y arriver !
Je ne répondit rien car Batiste arriva en me poussant, afin de parler à Marilou.
- Eh, salut toi ! fit-il avec un sourire qu'il croyait séduisant (cela ressemblait plutôt à une grimace perverse). Ca te dirait qu'on se voit après les cours ?
Marilou avait juste ouvert la bouche lorsque que Tim apparut.
- Nan, j'délire là ! T'allais pas dire "oui" à ce crétin ? s'indigna-t-il en poussant Batiste.
- Parfaitement d'accord, ton copain est un crétin, répliqua Marilou, contente d'enfin pouvoir parler, mais toi, tu n'es pas mieux alors si tu pouvais arrêter de polluer mon air...
Les deux garçons s'en allèrent l'air vaguement vexé, en chuchotant leur impression. On les écouta quelques instants dire que Marilu n'était pas commode mais que cela la rendait plus sexy encore puis je la félicitai.
- Bien joué, lançais-je.
- Comment ça, "bien joué" ? s'énerva-t-elle. Premier jour et j'ai déjà tout les crétins sur le dos ! J'ai déjà un copain, moi !
J'ouvris des yeux ronds, peut-être un peu trop grand.
- C'est si inconcevable que ça ? rigola-t-elle. Je suis si moche ?
Je rigolai pour lui prouver que non. J'étais seulement impressionné que même en étant différente et originale les garçons tombaient comme des mouches à ses pieds. Comme quoi, les conseils de Kate était vraiment idiots. On est pas obligé d'être des clones, des poupées barbies, des vulgaires copies pour être aimée, appréciée. On peut avoir une personnalité, une vraie, un avis différent des autres. Et surtout, on peut être à des centaines de kilomètres l'un de l'autre et s'aimer. Et ça, c'est magique.

Nous avions une heure de trou et la salle de permanence était réellement minuscule, tellement que Marilou poussa un soupir de surprise. Notre classe et une autre de sixième s'entassa dans la petite classe.
- Un peu petit non ? me fit remarquer Marilou.
- Comme le collège, non ? contre-attaquais-je.
Elle fit une moue embêtée.
- Non mais c'est mieux petit que trop grand, reprit-elle. Mon collège était immense avant, il faisait aussi lycée. Je dois avouer que c'était assez... horrible. En plus, tout le monde était au courant de tout. Les moqueries, c'était puissance mille.
Je ne l'avais écouté que d'une oreille. Ce que je voulais savoir d'elle en ce moment, c'était sa vie amoureuse et non son passé. Je me rendis alors compte qu'elle parlait dans le vide. D'un air un peu honteuse, je la coupai, pour pas la laisser parler ainsi trop longtemps.
- Marilou... Qui est ton petit copain ?
Elle soupira et me regarda d'un air de dire : "tu veux vraiment savoir ?".

[fin du chapitre 2]

*___________________*

Pfuuui tu lis trop vite xD

(bon mes chapitres sont courts aussi, je sais je sais ><)

- Et voilà, tu connais toute l'histoire ! conclut Marilou.
Je mis quelques secondes à inscrire tout ce que je venais d'apprendre dans ma tête. Lorsque mon amie, il y a deux ans à emménagé à Paris, ses parents habitaient encore ensemble. Elle avait fréquenté un collège qu'elle détestait parce qu'il était trop grand et que tout le monde se moquait d'elle à cause de son apparence. Sa première année fût plutôt horrible ; elle était toujours déprimée et ne travaillait plus car elle n'en avait pas l'envie et elle n'en voyait pas l'intérêt. C'est cette année-là qu'elle redoubla et qu'elle prit du retard sur les autres, elle qui était plutôt bonne élève en sixième. Le début de sa deuxième cinquième ne fut pas fameux ; le fait d'avoir redoublé lui fit encore perdre un peu plus confiance en elle. Mais en décembre, elle rencontra un garçon, qui était en troisième. Ce garçon, Marilou l'avait déjà repéré. Il était d'après sa description brun avec des cheveux mi-longs et des yeux d'un vert incroyable. Il s'habillait comme personne, comme les rocks stars. Il avait un charme fou et une classe incroyable. Il avait un visage plutôt pâle, contrairement à tous les autres jeunes trop bronzés. Il lui arrivait de se maquiller mais il n'avait pas l'air d'un fille, il était tout simplement beau. Il cultivait les excentricitées et les faisaient grandir, attirant tout les regards et créant l'admiration de tous. Son style était une façon de se faire respecter, une protection contre le monde entier mais aussi pour prouver à tous qu'on peut être quelqu'un de respecter avec des idées nouvelles. Il s'appelait Maxence et il a changé sa vie.
Petit à petit, la vie lui sembla plus belle, elle réapprit peu à peu à sourire car Maxence tomba amoureux d'elle, petit cinquième ordinaire.
- Ca ne s'est pas fait en un jour, comme dans les romans à l'eau de rose, avait-elle précisé. Non, ils nous aura fallut deux mois au moins, durant lesquels nous commencions peu à peu à s'apprécier. On a commencé à multiplier nos rendez-vous dans le café du coin ou nos après-midi cinéma.
Puis le grand jour arriva enfin. Le jour tant attendu mais aussi tant redouté... Leur premier baiser, Marilou s'en souviendra toujours.
- Ca m'a fait frissonner de la tête aux pieds... disait-elle, mélancolique, avec un petit sourire triste. Sur le coup, j'ai tout de suite su que notre amour était réciproque. J'ai même senti que nous aurions pu passer le restant de notre vie ensemble. Je sais pas si tu as déjà ressenti ça, mais c'est vraiment merveilleux.
Ils s'aimaient réellement et ils s'aiment toujours. Comme l'avait prédis Maxence, si Marilou avait confiance en elle, les autres la verrait différemment. Les collégiens et lycéens commencèrent à mieux connaître Marilou et la jugèrent autrement.
- Mais tout ne pouvait pas être si simple et si merveilleux... soupira Marilou.
Et elle avait raison : en mars la mère de Marilou a demandé le divorce. Le divorce pesa énormément sur son père, qui ne voyait sa fille que le week-end. Marilou, elle aussi, vivait mal cette rupture et était jalouse à chaque fois que sa mère voyait un homme. Maxence la soutenait énormément, en lui disant que ses parents étaient aussi divorcés mais de façon plus horrible encore : un soir, sa mère avait surpris son mari avec une femme et avait sombré dans l'alcool. Puis elle se décida enfin à demandé le divorce mais comme elle était alcoolique, on lui refusa la garde de Maxence.

[suite]

Alors que Marilou s'adaptait de plus en plus à sa nouvelle vie, l'impensable s'y invita afin de tout chambouler : le père de Maxence et la mère de Marilou commencèrent à se fréquenter.
- Ils se connaissaient depuis assez longtemps en fait... Ils ont toujours été attiré l'un vers l'autre mais vu qu'ils étaient à l'époque tout les deux mariés... expliqua Marilou.
Puis, ils habitèrent ensemble à la grande catastrophe de leurs enfants. Maxence ne cessait de dire qu'au moins que Marilou et lui était en permanence ensemble. Mais ce n'était vraiment pas pareil : ils devaient se cacher car ils ne savaient pas comment leurs parents prendrait leur relation. En octobre, ils se marièrent. Marilou et Maxence étaient très embêtés : ils ne peuvent pas être amoureux, beau-frère et belle-soeur. Ils décidèrent donc enfin d'annoncer leur relation à leurs parents qui jusqu'à présent les croyait seulement amis. Après tout, ils auraient pu comprendre. On ne choisit pas les personnes dont on est amoureux. Mais non, ils ne comprirent pas. Tout alla très vite, Maxence resta avec son père et Marilou du rejoindre le sien, dans la campagne. Fin octobre, tout était "arrangé". Marilou ne verrait plus jamais son beau-frère, c'était décidé. Mais Marilou gardait le sourire car c'est ce que lui appris Maxence et qu'il n'aimerait sûrement pas qu'elle pleure pour lui. Le père de Marilou
trouvait cette situation ridicule et son ex-femme stupide mais il ne se plaignait pas : d'un côté, il avait enfin la garde de sa fille.
- Je... Je ne sais pas quoi dire... C'est tellement incroyable !
Marilou baissa la tête pour ravaler un sanglot. Tout de même, elle ne pouvait pas tout garder pour elle.
- Ils sont horribles vos parents ! rageais-je.
- Je sais, répondit calmement Marilou en me regardant profondément dans les yeux. Si tu savait comme on leur en veut !
- Je te comprends... dis-je avec un faible sourire. Vous étiez ensemble avant qu'eux ne le soient. Ils n'auraient pas du prendre ça comme ça.
- Oui... Et même pour les vacances, ils se sont arrangé pour pas que l'on se voit : Maxence ira chez sa mère. Il n'en a pas envie, elle est dépressive et...
- Alcoolique, complétais-je.
Marilou acquiesça silencieusement. C'est drôle la vie. Soit c'est super, soit c'est horrible, comme si Dieu n'arrivait pas à faire un "entre-deux". D'un côté, je n'avais plus aucune raison de me plaindre. J'avais été stupide de pleurer ce matin, je m'en voulais d'être si égoïste.
Quoi qu'il en soit, j'avais un devoir envers Marilou qui s'était confier si vite, je devais à mon tour lui raconter un secret, un truc dont je parle à personne. Je m'apprêtais à lui parler de mes parents ou plutôt du vide sidéral qui me servait de parents, quand la cloche sonna. Sauvée ! Moi, je ne me confie presque jamais parce que ça fait trop mal. La seule fois que j'ai raconté quelque chose, c'était en sixième, à Kate que je prenais encore pour mon amie et le secret à circuler dans le collège, m'humiliant comme je n'avais encore jamais été humiliée. Depuis ce jour-là, je suis devenue encore plus solitaire qu'avant.

[suite et fin du chapitre 3]

**

Nous nous dirigeâmes vers la cantine ou nous attendait un "rang" de gamins surexcités. La cantine était un véritable parcours du combattant, même si nous étions dans un petit collège. Dans le pseudo-rang, on pouvait presque mourir tellement tout le monde nous pousse de tout les côtés, nous écrase. Lors de mon premier jour au collège, je me suis réellement sentie mal dans ce rang, j'ai failli tomber dans les pommes. J'ai donc eu la malchance d'être mal vu dès le premier jour par tous les collégiens. On m'a longtemps appelé "La Pleurnicheuse". Je rentrais tous les soirs en pleurant du collège. Alors ma tante est allée se plaindre chez le proviseur et on ne m'a plus jamais appelée ainsi. Maintenant, c'était plutôt "La Cafteuse". Pas tellement mieux.

Une fois l'épreuve du rang franchie, il nous fallait encore affronter la terrible dame de cantine qui vérifiait si nous étions bien demi-pensionnaire. Cette femme n'avait confiance en personne et était d'une méchanceté rare. Il fallait la convaincre pendant au moins dix bonnes minutes pour qu'elle soit convaincu que notre carte de cantine n'était pas fausse.

Ensuite, le plus dur étant passé, nous pouvions choisir nos repas parmi toutes les choses immangeables qu'ils nous proposaient. Tout était trop froid ou trop chaud, ou même congelé. Déjà que bien cuisiné, les aliments n'étaient pas terribles, si en plus ils n'étaient pas cuits, c'était carrément horrible.

Après, on devait payer ces horreurs, que nous n'allions certainement pas manger. Dans le collège de Marilou, cela ne se passait pas ainsi, elle n'avait donc pas d'argent. Je le lui prêtais en lui disant que ce n'était pas grave.
- Comment faites-vous, chez vous ? demandais-je, curieuse.
- On paye le trimestre d'un coup, répondit-elle.
Pour finir, nous prîmes nos plateaux et nous tentions de trouver une place dans la minuscule cantine bondée.
- Je rêve ! s'étonna Marilou. C'est presque aussi petit que la perm' !
Je fit un petit sourire et nous attendîmes qu'un groupe de troisième nous cèdent leurs places. Les troisième, qui ont définitivement de la compote à la place du cerveau, mangèrent lentement, juste pour le plaisir de nous voir attendre comme des cruches avec nos plateaux.
- Ils se moquent de nous ! s'énerva Marilou. Je vais pas attendre que mes bras tombent à force d'avoir porté ce fichu plateau pour m'asseoir !
Et là, elle fit ce que je n'aurais jamais fait. Elle posa son plateau sur la table des troisièmes et alla demander une chaise inoccupée à une table ou des sixièmes discutaient. Il la lui donnèrent, intimidés, et Marilou alla s'incruster sur la table des troisièmes où elle commença à manger ses haricots verts congelés. Les troisièmes la regardèrent d'un air respectueux et dégoûté et partirent, en un seul troupeau.

Hilare, je m'asseyais à côté de mon amie où je la regardais, très impressionnée.
- Comment t'as fait ça ? demandais-je avec des yeux ronds.
- Ben on va pas se laisser marcher sur les pieds, répondit-elle, en pointant sa fourchette vers moi.
Et le repas se déroula à merveille, pour la première fois que je fréquentais ce collège. Pour la première fois, j'eus vraiment l'impression de parler à une amie. Même la nourriture me semblait meilleure.

[fin du chapitre 3]

Génial ce chapitre

- Ah ! Je te jure que je vais la tuer, m'annonça Marilou.
Nous étions en sport, avec une prof trop vieille pour faire quoi que se soit de sportif. Mais entre nous, même jeune, un prof de sport ne fait rien de sportif. Pour être professeur d'éducation physique, il suffit de se poser tranquillement sur une chaise, de beugler aux élèves qu'ils sont nuls ou qu'ils pourraient faire mieux et enfin de noter une note souvent injuste dans un petit carnet qui comptera malheureusement dans notre moyenne générale. Bref, nous faisions, du moins nous essayions, de faire du football. Marilou semblait déchaînée contre Mme Souris, qui faisait des remarques décourageante sur elle. Cela la mettait hors d'elle et elles ne cessaient de s'affronter du regard, jouant à celle qui aura le dernier mot. Marilou voulait à tout prix prouver qu'elle n'était pas nulle en sport, ce qui, selon moi, restait tout de même à prouver. Il faut dire qu'elle me surestimait aussi, en m'envoyant le ballon d'une passe énergique : j'étais en train de regarder mes baskets rose bonbon et le ballon me fit carrément tomber par terre puisque, maligne comme je suis, je me suis retrouvée je ne sais pas comment à marcher dessus. Vous l'aurez compris, je suis nulle en sport. Pire que nulle même, cela ne m'intéresse pas d'essayer de faire des efforts. Tant pis pour la moyenne, je pourrais toujours en avoir une bonne de toute manière. Mais il n'en était pas de même pour mon amie. Je me demande bien pourquoi, franchement. Peut-être parce qu'elle n'a pas de facilité dans les autres matières. Ca me dépasse. Je n'ai pas l'impression de fournir un effort colossal pour mes notes, tout le monde pourrait en faire de même. Ma tante dit que c'est parce que j'ai des facilités et que j'oublie qu'il n'en va pas de même pour tout le monde. Je ne sais pas trop quoi en penser. Mais à cette instant, j'étais par terre, Marilou rageant de voir la balle partir dans le camps adverse, m'en voulant presque et moi, me frottant énergiquement les fesses, me demandant si je devais prétendre mettre fais très mal. Je levai les yeux vers Mme Souris qui ne montra aucun signe d'inquiétude pour ma santé, ce que je trouvais très vexant. Je retournai me caler dans la défense quand inopinément, sans prévenir, Félicie débarqua devant moi, telle une furie. Elle avait le ballon et comptait bien le garder. Je l'aurai laisser passer gentiment si Marilou ne m'avait pas hurlé de m'activer un peu. J'ai commencé à courir derrière elle mais Félicie marcha sur mon lacet et je tombai mollement à ses pieds. Là non plus, Mme Souris ne me demanda pas comment j'allai. Et, alors que j'étais encore par terre, les larmes me montèrent. Des larmes de colère contre Mme Souris qui ne pensait qu'à me mettre un zéro, contre Félicie qui était une brute et contre Marilou, qui se moquait de moi. J'ai fais exprès de me lever péniblement et lentement. J'avais autrefois participé à un club de théatre et cette expérience s'averra très utile. Mme Souris commença à s'inquiéter et m'adressa enfin la parole :

- Ca va Gilbert ? demanda-t-elle de sa voix de fumeuse.
- Non, répondis-je, la voix douloureuse. Non ça ne va pas.
- Oh allez Alice, fais pas ta chochotte. T'es pas en sucre non plus ! Et puis fais te lacets, hein. Tu ne peux t'en vouloir qu'à toi-même.
Je l'aurais tuer, elle et son français à deux sous. Les profs d'EPS sortent toujours le même discours, comme s'ils se réunissaient à l'avance pour préparer des répliques bien sanglantes entre eux. Pour être prof d'EPS, j'ai oublié de dire qu'il ne faut pas avoir de coeur et être as cool as a cucumber dans toutes les situations. C'en est inquiétant. Ont-ils le sens des responsabilités ? Est-il bien prudent de nous laisser entre leurs mains durant deux à trois heures par semaine ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête, cherchant encore une réponse. Les commentaires de Mme Souris eurent au moins pour effet de me faire encore plus pleurer, mettant plus de vérité à mon jeu d'actrice.
- Eh oh, je rigolais, hein, reprit Mme Souris, très légèrement gênée. Si ça va pas bien, tu sors. Ou c'est que t'as mal ?
Je cherchais un endroit qui aurait pu mettre douloureux. C'est alors que je fis un découverte inattendu. Les larmes de colère se transformèrent en larmes de douleur. J'avais mal à ma hanche, à mes côtes et à ma jambe. Je le dis à la prof qui me dit d'un air las de m'asseoir sur le côté. Je ne sais pas si la colère augmente la douleur mais se fut comme ça pour moi. La douleur s'amplifia, s'infiltra dans mon corps me coupant le souffle. Je portais mes mains à mon torse quand Marilou arriva en courant vers moi.
- Ca va ?
- Pas trop, répondis-je, le souffle court.
- Tu crois pas... que tu en fais un peu trop, me demanda-t-elle.
Je la fixais longuement, le regard plein de larmes, de déception de l'entendre dire ça. Je semblais avoir oublié que tout les humains avaient des défauts. Cette phrase avait eu sur moi l'effet d'un marteau. J'avais plus mal encore et ça m'énervais car cela renforçait son hypothèse : c'était sûrement que psychologique.

Pour aller en Arts plastiques, j'avais réussi à marcher à peut prêt convenablement. Marilou ne semblait pas avoir compris qu'elle m'avait vexée, sans doute car elle ignorait à quelle point elle comptait pour moi, combien je mettais d'espoir dans notre rencontre. En Arts Plastiques, je lui découvris encore un talent caché. Elle dessinait terriblement bien et avait son propre style. Marilou jouait tout dans l'originalité et ses dessins le reflétaient. Ce n'était pas des dessins mangas, ni réalistes, c'était des dessins enfantins et très travaillé à la fois. C'était étrangement beau. Notre professeur d'Arts Plastiques ne fut pas de cet avis. Il avait dit trouver cela "peut travaillé" mais "intéressant néanmoins". Ce professeur se croyait formidable, et parce qu'il dessinait bien il se croyait artiste. J'ai toujours pensé que, s'il avait été un artiste, il aurait pu bien mieux finir. Pour ma part, je n'avais jamais rien su faire de beaux avec un stylo entre les mains. Mes bonshommes était grossiers, trop ceci, pas assez cela... Ma meilleure note avait été un 13,5, quand l'année dernière, dans un élan de générosité (que c'était-il passé ?), le professeur me l'accorda pour un dessin que j'avais fini avec ma tante. Cette absence de talent me faisait détester le lundi. La journée était tout bonnement horrible ; à part l'histoire et les maths, rien ne me plaisait. Marilou semblait détester M. David autant que Mme Souris. Rien de bon ne se prévoyait pour la suite de l'heure.

Je ne savais pas que Marilou était comme ça. Je me demandais si Maxence ne lui avait pas donner TROP de confiance en soi. Elle en avait tellement marre que M. David se moque d'elle et elle a déchiré sa feuille en écrivant chacun des quatre bouts un mot formant la phrase : "A chacun son style". Je trouvais que c'était une bonne idée, mais une idée qui allait sûrement déplaire à M. David. Comme quoi, il n'y a pas que moi qui ai mauvais caractère. Marilou m'a donc expliqué que certains artistes contemporains avait fait des choses bien plus "choquantes". Ca m'a intéressée, pour une fois. Certains aurait pu croire que son comportement me refroidirait dans ma grande quête de l'amitié mais non, cela m'a encore plus donné envie de connaître cette fille hors du commun.

J'adore ! *___*
Vivement la suite !

Merci ^^ j'esayerai de l'écrire ce week-end ^^

*-* tu as un vrai talent !!! J'ai hâte de llire la suite !!!!!

#^_^#

Ma tante me regardait sans rien dire. De toute manière, les paroles étaient inutiles, ça se lisait dans ses yeux qu'elle voulait me parler. J'ai posé doucement ma pomme et je l'ai regardé dans les yeux.
- Vas-y. Tu en meurs d'envie.
- De quoi tu parles, demanda ma tante en se levant précipitamment de sa chaise.
Je fis un demi-sourire ; quelle hypocrisie ! Puisque ma tante ne se jetait pas à l'eau, je répondis toute seule.
- Oui, la journée fut pas mal, si c'est ça que tu te demandes.
J'hésitai à lui parler de Marilou. C'est un peu mon jardin secret, quelque chose qui me rendait mystérieuse et je ne voulais pas vraiment que cela cesse si vite... Et puis, après tout, ce n'était pas encore mon amie. Elle m'avait certes révélé beaucoup de choses sur elle mais c'était peut-être pas une fille très réservée. Je ne connaissais rien de son caractère. Je ne connaissais que ce qu'elle montre aux autres et non son apparence "à l'intérieur" et je n'avais pas l'habitude de juger les gens sur leurs couvertures.
- Ah ? fit ma tante en faisant semblant d'être peu intéressée.
Voulant arrêter cette discussion, je me levais en reposant ma chaise :
- Bon, je dois faire mes devoirs, dis-je en regardant ma montre pour donner de la crédibilité à mon mensonge.
- Très bien, répondit ma tante, visiblement déçue.
Je me dirigeai vers ma chambre que je fermai à clef. J'avais besoin de mon intimité, en bonne solitaire. Je lançai d'abord un regard à ma chambre, en parfait ordre, cherchant ce qui n'allait pas. Je me précipitais d'un air affolée vers mon réveil, qui était complètement cassé ; le verre s'était brisée et les aiguilles pendouillaient. Je me demandais comment j'allais pouvoir aller travailler le lendemain. Cela allait sûrement être horrible...
Après l'avoir mis dans la poubelle, j'ouvris mon agenda, espérant y découvrir une tonne de devoirs.
- Oh non, soupirais-je.
Il n'y avait quasiment rien. Ou plutôt si, il y avait des tonnes et des tonnes de devoirs que j'avais déjà durant les vacances. Quelques fois, je regrettais réellement d'être si organisée. Quand je faisais mes devoirs à l'avance, je savais déjà que j'allais m'ennuyer après. Parce que oui, ma vie n'était pas palpitante, elle se résumait à faire mes devoirs, manger et dormir. Je cherchais un livre à lire dans mon énorme bibliothèque mais j'avais tout lu et je n'étais pas d'humeur à relire un livre. Ne trouvant rien à faire je m'allongeais sur mon lit. Je n'aimais pas ces moments, ou rien n'allait plus. Certains devaient adorer, moi c'était le contraire. Etre trop tranquille me rendais folle, il me manquait une petite soeur pour m'agacer et m'occuper.
- Soyons optimiste, me repris-je. Je ne suis pas si tranquille. Si je retourne dans la cuisine, je serai bien gonflée par Sarah.
A contrecoeur, je retournais dans la cuisine mais elle n'était plus là. Je marchais faiblement vers sa chambre : personne. Je commençais à légèrement m'inquiéter. Mais je me disais qu'elle était sûrement sur son ordinateur portable, qu'elle ne quitte plus. Mais après avoir cherché dans le bureau et même dans les toilettes, je découvrais la housse de son ordinateur qui le tenait au chaud. Je m'asseyais sur le canapé, perturbée. Je réfléchissais à l'endroit où elle aurait pu aller. Mais ce n'était pas crédible car Sarah ne sortais jamais et me prévenait les rares fois où elle le faisait. Je restais longtemps assise comme ça avant d'ouvrir le frigo car la faim m'appelait. Et là j'eus la surprise de découvrir un message, posé sur un sandwich. Je le pris et lut l'écriture de ma tante : "Je reviens tard, ne m'attends pas pour manger, bisous, Sarah". Je le regardais sans comprendre. La vie partait vraiment dans tout les sens ce soir. Surtout que le sandwich était au jambon et que j'étais végétarienne. Je suis allée me coucher le ventre gargouillant.

[suite]

***

Il y a des matins comme ça, où on sait à l'avance que la journée sera bonne ou mauvaise. Je détestais ce genre de matins, où la journée n'a déjà aucune surprise. Où tout est déjà décidé, programmé, impossible à modifier. Malheureusement, presque tous les matins de ma vie étaient ainsi. Ce matin par contre, c'était une journée mystérieuse qui m'attendait. Je me levais énergiquement pour goûter à ce jour nouveau. La première sensation que je ressentis une fois debout fut la faim et tout d'un coup les mauvais souvenirs de la soirée d'hier me revinrent. Je m'habillais donc en vitesse pour rejoindre la cuisine et ma tante par la même occasion et pour pouvoir la bombarder de questions en sirotant mon chocolat chaud.
- Sarah ? hasardais-je en sortant de ma chambre.
Aucune réponse. Je courrais vers la salle à manger et je vis ma tante au téléphone. Il était assez étrange de voir ce genre de scène car :
1) ma tante est assez insociable et ne téléphone qu'à sa banque
2) il était 5:53, c'est-à-dire un peu tôt pour appeler son banquier
3) Qui glousse avec son banquier et, dans le cas présent, avec M. Kaun, à part s'il a gagné au loto ?
Ma tante me fis signe d'attendre et recommença glousser au téléphone. Histoire de me prouver que je ne rêvais pas, on m'avait certainement échangé ma tante avec un dindon fou durant la nuit. J'articulais sur mes lèvres des mots qu'elle ne comprenait apparemment pas, ou alors elle s'en moquait totalement. Je repartis vexée et malade de jalousie dans la cuisine où aucun petit déjeuner ne m'attendais. D'habitude, ma tante me préparait tout le temps des petits déjeuners extra. Mais peut-être que les dindons ne savent pas en faire.